Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je vous ay escrit du IIe de ce moys, le IIIe je
2trouvis ez mains de l’homme de la poste de la cour qui rend
3les pacquetz une vostre depeche sur la quelle y avoit escrit
4« receue à Bourgoin le XXVIIIe julhet », laquelle je portis
5soudain à monsegneur le prince daulphin à qui elle s’addressoit.
6Je fus despuis devers monsieur de Sauve, mais il se
7trouvoit mal et estime que celle du roy n’a encor esté
8veue ; mais iay sceu par les secretaires de mondit seigneur le prince
9ce quelle contient. Je obliys par cy-devant, vous escrivant ce
10que Marron, secrétaire de monsieur de Joyeuse, m’avoit
11dict vous advertir que ce grand qui mande de lever gens
12et qui après contremande est, comme ledit Marron me dict,
13le sieur Dacier qui est colonnel de l’infanterie de ceulx
14de la religion. Hyer, Sageot, l’ung des commis dudit sieur de Sauve,
15me dict qu’il y avoit une depeche commandée pour response
16roy l’avoit faicte audit sieur de Joyeuse sur ung sien semblable
18advertissement. J’estime que vous la pourrés recevoir
19bientost si jà ne l’avés. Je vous ay escrit dans une depeche
20du roy du XXXe du passé, mais j’entendz que ce fut
21pour faire rester le sieur des Adretz dans la Provence. On y crainct
22yci l’armée de Don Johan d’Austria. Puis trois jours en
23çà, on s’est encor mieux resolu à ne rompre en aucune
24façon la paix avec le roy catholiq, mais il est à craindre
25que ledit roy catholiq ne soit pas de ceste mesme volonté.
26Si avons-nous esté cinq ou six jours en opinion que le roy feroit
27la guerre.
28Monsieur, vous aurez bien veu le cayer de ceulx de ladite religion par
29que j’ay despuis mises à la poste et lesquelles je vous renvoye
31quelque chose muée, craignant que ne les ayés receues.
32Cavagnes se faict ouyr et ses parties que messieurs
33du conseil ont diminué de l’opinion qu’ilz avoint de vous
34sur son recit avec lequel iay longuement parlé despuis ;
35ce que ma faict communiquer les responses à quelzques
36ungz, attendant les vostres, et si je ne les reçois bientost,
37[v°] sans plus attendre je les bailleray à la royne et les feray
38tumber ez mains de monsieur l’amiral, mesmes entre autres
39discours que le sieur de Cavagnes [mots barrés]. Il trovoit mauvais
40que [mots barrés] la cour de parlement et vous feussiés
41si bien et en si bonne union et intelligence et qu’il vaudroit
42mieux qu’il y eust quelque division et que l’ung picqua l’autre ;
43contre ceulx de la religion et que la cour vous provoqua
45contre les catholiques. Cela est une chose politique et
46une question civille sur la dispute de laquelle je ne
47m’estendray pas plus advant ; aussi ne peut-elle avoir
48raisons ny argumentz bons et probables, sinon pour la partie
49à laquelle vous vous estes très sagement resolu ; l’autre
50partie de la dispute est factieuse, impertinente et digne
51qu’il est grand bruict en ceste cour de ce cayer contre vous
53[mots barrés] et, comme je vous ay escrit cy-devant, il est de besoing
54que vous en escriviés à leurs majestés et à Monsegneur
55qui touttesfois, comment vous dira monsieur d’Ourche bien
56ost, tiennent le tout pour faulx et calomnieux, aussi
57ce temps seroit trop estrange s’il en alloit autrement.
58Je layray ce propoz pour vous dire comment monsegneur
59le prince, ayant sceu que l’on parloit d’envoyer commissaires
60pour ledict Daulphiné et que l’on avoit requis une chambre
61pour juger en dernier ressort les causes des huguenotz,
62s’est faché fort qu’il n’estoit informé de telles poursuittes
63pour en pouvoir parler chez le roy comme les autres, sur
64une lettre à messieurs les commis pour leur faire entendre
66que ceulx qui negotient les affaires du pays, ne
67luy communiquent poinct leurs poursuittes pour s’y employer
68comme si telles poursuittes venoint de leur part. Quant
69aux miennes, je scay bien qu’il a une requeste et des
70placetz il y a fort longtemps pour affaires don il n’a
71pas encor parlé. J’estime que vous aurez à la fin une
72lettre de mondit segneur le prince. Je me remettray pour
73le surplus pour les novelles de ceste cour à monsieur de La
74Coste, pour finir la présente après avoir prié Dieu,
75Monsieur, vous donner très longue et heureuse vie.
76De Paris, ce VIe aoust 1572.
77Votre très humble serviteur
78S de boczosel