Consultation

XVIII, folios:161
Boczosel, Soffrey de, seigneur de Chastelard
M. de Gordes
Lettre non liée
06/08/1572
Laval
Paris

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monsieur, je vous ay escrit du IIe de ce moys, le IIIe je

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trouvis ez mains de l’homme de la poste de la cour qui rend

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les pacquetz une vostre depeche sur la quelle y avoit escrit

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« receue à Bourgoin le XXVIIIe julhet », laquelle je portis

5

soudain à monsegneur le prince daulphin à qui elle s’addressoit.

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Je fus despuis devers monsieur de Sauve, mais il se

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trouvoit mal et estime que celle du roy n’a encor esté

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veue ; mais iay sceu par les secretaires de mondit seigneur le prince

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ce quelle contient. Je obliys par cy-devant, vous escrivant ce

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que Marron, secrétaire de monsieur de Joyeuse, m’avoit

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dict vous advertir que ce grand qui mande de lever gens

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et qui après contremande est, comme ledit Marron me dict,

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le sieur Dacier qui est colonnel de l’infanterie de ceulx

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de la religion. Hyer, Sageot, l’ung des commis dudit sieur de Sauve,

15

me dict qu’il y avoit une depeche commandée pour response

16 à [barré : celle de] la votre du XVIIe du passé, toutte telle que le 17

roy l’avoit faicte audit sieur de Joyeuse sur ung sien semblable

18

advertissement. J’estime que vous la pourrés recevoir

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bientost si jà ne l’avés. Je vous ay escrit dans une depeche

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du roy du XXXe du passé, mais j’entendz que ce fut

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pour faire rester le sieur des Adretz dans la Provence. On y crainct

22

yci l’armée de Don Johan d’Austria. Puis trois jours en

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çà, on s’est encor mieux resolu à ne rompre en aucune

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façon la paix avec le roy catholiq, mais il est à craindre

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que ledit roy catholiq ne soit pas de ceste mesme volonté.

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Si avons-nous esté cinq ou six jours en opinion que le roy feroit

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la guerre.

28

Monsieur, vous aurez bien veu le cayer de ceulx de ladite religion par

29 Bourgel et quelzques memoires pour y respondre [barré : lesquelles] 30

que j’ay despuis mises à la poste et lesquelles je vous renvoye

31

quelque chose muée, craignant que ne les ayés receues.

32

Cavagnes se faict ouyr et ses parties que messieurs

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du conseil ont diminué de l’opinion qu’ilz avoint de vous

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sur son recit avec lequel iay longuement parlé despuis ;

35

ce que ma faict communiquer les responses à quelzques

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ungz, attendant les vostres, et si je ne les reçois bientost,

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[v°] sans plus attendre je les bailleray à la royne et les feray

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tumber ez mains de monsieur l’amiral, mesmes entre autres

39

discours que le sieur de Cavagnes [mots barrés]. Il trovoit mauvais

40

que [mots barrés] la cour de parlement et vous feussiés

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si bien et en si bonne union et intelligence et qu’il vaudroit

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mieux qu’il y eust quelque division et que l’ung picqua l’autre ;

43 c’est que vous rabatissiés [barré : leurs] ses procedures de la cour 44

contre ceulx de la religion et que la cour vous provoqua

45

contre les catholiques. Cela est une chose politique et

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une question civille sur la dispute de laquelle je ne

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m’estendray pas plus advant ; aussi ne peut-elle avoir

48

raisons ny argumentz bons et probables, sinon pour la partie

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à laquelle vous vous estes très sagement resolu ; l’autre

50

partie de la dispute est factieuse, impertinente et digne

51 de l’escholle d’où elle sort. Je vous asseure [barré : bien], Monsieur, 52

qu’il est grand bruict en ceste cour de ce cayer contre vous

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[mots barrés] et, comme je vous ay escrit cy-devant, il est de besoing

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que vous en escriviés à leurs majestés et à Monsegneur

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qui touttesfois, comment vous dira monsieur d’Ourche bien

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ost, tiennent le tout pour faulx et calomnieux, aussi

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ce temps seroit trop estrange s’il en alloit autrement.

58

Je layray ce propoz pour vous dire comment monsegneur

59

le prince, ayant sceu que l’on parloit d’envoyer commissaires

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pour ledict Daulphiné et que l’on avoit requis une chambre

61

pour juger en dernier ressort les causes des huguenotz,

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s’est faché fort qu’il n’estoit informé de telles poursuittes

63

pour en pouvoir parler chez le roy comme les autres, sur

64 quoy il a commandé à ses secretaires [barré : de faire] faire 65

une lettre à messieurs les commis pour leur faire entendre

66

que ceulx qui negotient les affaires du pays, ne

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luy communiquent poinct leurs poursuittes pour s’y employer

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comme si telles poursuittes venoint de leur part. Quant

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aux miennes, je scay bien qu’il a une requeste et des

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placetz il y a fort longtemps pour affaires don il n’a

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pas encor parlé. J’estime que vous aurez à la fin une

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lettre de mondit segneur le prince. Je me remettray pour

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le surplus pour les novelles de ceste cour à monsieur de La

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Coste, pour finir la présente après avoir prié Dieu,

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Monsieur, vous donner très longue et heureuse vie.

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De Paris, ce VIe aoust 1572.

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Votre très humble serviteur

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S de boczosel

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